En 1877, Maître Constantin Senlecq, notaire à Ardres depuis 1873, découvre en « lisant dans un résumé des faits scientifiques de l’année 1876 la description de la merveilleuse invention du téléphone de M. Graham Bell et l’ingénieuse application faite par M. Siemens du Sélénium ». il lui vint alors l’idée que les propriétés électriques particulières des corps pourraient être employées à transmettre télégraphiquement les images reçues sur la plaque sensible d’une chambre noire ».
Il imagine et réalise un appareil qu’il baptise télectroscope destiné à transmettre les images par l’électricité, basé sur la résistance conductrice du sélénium aux différentes gradations de lumière. Il rédige une notice et l’adresse à l’Académie des Sciences, à l’Exposition Internationale de l’Electricité, à Londres, à New York et aux journaux scientifiques.
Seule l’invention l’intéressait et, bien que notaire, il ne pensa pas à la protéger ni ses droits d’auteur et donc ses droits incorporels, thème du Congrès des Notaires de Lille en 2009. Ce n’est que beaucoup plus tard, poussé par ses enfants en 1907, qu’il obtint le 22 mai de la même année le brevet d’invention pour « appareil destiné à transmettre à distance par l’électricité, la vision avec le mouvement et l’instantanéité. » Etait jointe une description précise de l’appareil très amélioré depuis celui plus rudimentaire de 1877.
Passionné par l’électricité et toutes ses applications, il fut membre fondateur de la Société Internationale d’électricité de Paris, il avait commencé ses recherches scientifiques par la mise au point d’in vernis qui, recouvrant les végétaux, permettait en les plongeant dans un bain de cuivre de les conserver. Il existe encore actuellement deux de ces réalisations : une feuille de chou et des feuilles de lierre.
Notre génial notaire, reconnu par tous les chercheurs et figurant parmi les pères de la télévision à la Maison de la radio à Paris, ne déposa pas davantage en 1883 sa proposition de « Système d’Aérostat plus lourd que l’air » tout en la déposant à l’Académie des Sciences de Paris ( Séance du 27 août 1883). C’était en fait le précurseur de l’hélicoptère ainsi que l’on peut le voir sur le plan ci-contre : hélice ascensionnelle et hélice directionnelle.
Il en fut de même, lors de la catastrophe du 26 mai 1910 qui vit un sous-marin « le pluviose » couler avec tous ses occupants au large de Calais, après avoir été éperonné par un navire de surface. Il proposa alors la cloche qui permet par immersion de récupérer les marins emprisonnés dans le submersible.
Notaire, il s’intéresse à la gestion de patrimoine qui devint sa deuxième profession. Il prit goût à l’économie et écrivit un libre dont le titre est : L’or et l’Argent dans la circulation monétaire, le monométallisme Or, cause prépondérante de la ruine agricole et industrielle.
Ce confère dont l’activité notariale ne fut sans-doute pas à la mesure de ses capacités scientifiques, était un autodidacte, né en 1842 dans une famille de brasseur, distillateur, médecin, il reste connu pour son « Télectroscope ». Graham Bell, avec lequel il correspondit, le félicita pour son invention qui, disait-il, équivalait en découverte son téléphone. Maître Senlecq écrivait de son côté : « Je na sache pas que personne ait songé avant moi à la construction d’un appareil destiné à transmettre les vibrations de la lumière ( 1877) et je crois être fondé à revendiquer la priorité scientifique de cette découverte ».
Hélas décédé aveugle en 1934, il ne put voir les premières réalisations de notre télévision, mais les notaires du Pas de Calais, du Nord et de la France, peuvent légitimement s’enorgueillir de compter parmi leurs prédécesseurs le Père de la Télévision et de tous ses développements d’aujourd’hui.
Francis RYSSEN
Source : La gazette du 105e Congrès, 17 mai 2009, numéro 1
|