Explorations sur l’authentification des contrats de disposition de biens
sous réserve de la constitution d’un droit d’habitation
YUAN Dijia
Notaire à l’Étude notariale Xuhui
à Shanghai
Selon les données du Bureau national des statistiques,
la structure de la population chinoise vieillit progressivement et le taux de
dépendance des personnes âgées augmente d’année en année. En tant
qu’établissements juridiques professionnels chargés de prévenir les litiges et
de maintenir la stabilité sociale, les études notariales se doivent de prêter
attention à cette tendance du développement démographique et de fournir un
soutien juridique à la demande de transmission du patrimoine engendrée par ce
changement social.
Dans le cadre de la transmission du patrimoine
familial, la valeur des biens immobiliers est généralement plus élevée. De
plus, le transfert des droits de propriété immobilière qui s’effectue par
enregistrement et nécessite des procédures formelles, est plus complexe que la
transmission d’autres types de patrimoine, ce qui le rend également plus
préoccupant pour le public. C’est pourquoi, en prenant l’exemple de la
transmission de biens immobiliers familiaux, j’essaierai ici de partager
certaines de mes compréhensions personnelles sur un nouveau type de contrat qui
est apparu après l’entrée en vigueur du Code
civil chinois, à savoir, le contrat de disposition de biens sous réserve de
la constitution d’un droit d’habitation.
Il convient tout d’abord d’expliquer la raison d’être
de ce type de contrat. La transmission du patrimoine familial peut généralement
être divisée en deux aspects : le transfert de biens pendant la vie et la
transmission de biens après le décès. Au cours du processus de transmission du
patrimoine, les différences d’impôts, les préoccupations liées à la complexité
des procédures de succession et le risque de mauvaises relations entre les
membres de la famille sont autant de facteurs qui incitent les personnes âgées
à distribuer les biens de leur vivant. Le plus immédiat de ces facteurs est la
charge fiscale associée au transfert de propriété.
L’Avis de
l’Administration fiscale de l'État sur les questions relatives au renforcement
de la gestion fiscale sur les donations gratuites de biens immobiliers à des
particuliers dans le cadre de transactions immobilières et l’Avis de l’Administration fiscale de l'État
sur les questions relatives à l’imposition et à la gestion fiscale des
particuliers qui transfèrent des immobiliers prévoient respectivement les
taux d’imposition et les exonérations fiscales sur la vente de biens
immobiliers provenant d’une succession. Ils sont résumés comme suit : le revenu
dérivé de la vente de biens hérités est soumis à l’impôt sur le revenu
personnel au taux applicable de 20 % ; les personnes physiques sont exemptées
de l’impôt sur le revenu personnel pour les revenus provenant de la cession
d’une maison qu’elles possèdent depuis plus de cinq ans et qui constitue
l’unique logement de la famille.
Par conséquent, lorsqu’un jeune membre de la famille
ou un membre qui est responsable de l’entretien de personnes âgées acquiert un
bien immobilier par héritage ou legs et le vend ensuite, il peut être redevable
d’un impôt sur le revenu personnel de 20 % sur le prix de vente de la maison en
raison des autres biens immobiliers qu’il détient. La charge fiscale élevée
peut inciter les deux parties à la transmission à renoncer à l’option du
transfert du patrimoine après le décès et à envisager plutôt d’acheter et de
vendre le bien immobilier pour le transférer du vivant du propriétaire. Le 19
novembre 2024, la Commission de la gestion du logement et du développement
urbain et rural de la municipalité de Shanghai et quatre départements relatifs
ont publié conjointement l’Avis relatif à
l’abolition de la norme pour le logement ordinaire. Celui-ci a aboli la
norme pour le logement ordinaire et le logement non ordinaire et a clarifié les
questions relatives à l’imposition des transactions de logements individuels
après la suppression de la norme, réduisant ainsi davantage le coût fiscal des
transactions de logements individuels. Cela renforcera également la volonté des
propriétaires de logement de transférer la propriété immobilière de leur
vivant.
En outre, la transmission du patrimoine familial entre
vifs n’implique généralement pas un échange de valeur égale et ce que les
personnes âgées échangent, en tant que propriétaires de la maison, c’est
généralement un droit clair de vivre dans cette maison, dans le langage simple
des personnes âgées, jusqu’à ce qu’elles meurent. La question de l’habitation
est la principale préoccupation des personnes âgées. Le législateur en a pris
note et a codifié le système du droit d’habitation dans le Code civil chinois. Le droit d’habitation, qui a la nature d’un
droit réel, permet aux personnes âgées de jouir du droit exclusif d’occuper et
d’utiliser tout ou partie du logement et ses installations annexes, même après
le transfert de la propriété immobilière.
La combinaison des deux volontés susmentionnées a
donné naissance à un contrat émergent à l’époque du Code civil : le contrat de disposition de biens sous réserve de la
constitution d’un droit d’habitation.
En règle générale, ce type de contrat prévoit qu’une
personne âgée titulaire de la propriété sur un bien immobilier résidentiel
verra son bien immobilier transféré, au nom de sa progéniture ou de son
débiteur de pension alimentaire, par le biais d’une vente et que le
cessionnaire du bien immobilier établira le droit d’habitation pour le
propriétaire initial après le transfert du bien immobilier. Ce type d’échange
répond non seulement aux besoins de transmission du patrimoine entre les
membres de la famille tout en prévenant les conflits de succession, mais il
permet également de répondre aux besoins résidentiels réels des personnes âgées
après la cession de leurs biens immobiliers de leur vivant. Il incarne
pleinement l’autonomie de la volonté du propriétaire du bien immobilier et est
également conforme aux exigences du rapport du 19e Congrès national,
à savoir « accélérer la mise en place d’un système de logement avec une
offre multi-principale et une garantie multi-canal pour la location et l’achat,
afin d’offrir à tous un meilleur lieu de vie ».
Pour qu’un établissement notarial soit impliqué dans
l’authentification de ce type de contrat, il doit non seulement examiner si le
contrat est conforme aux éléments de base d’un contrat de vente et déterminer
si les parties au contrat ont la capacité civile, mais aussi se concentrer
davantage sur la protection des droits et des intérêts des personnes âgées,
autrement dit, il s’agit d’examiner si le contrat est réellement favorable aux
personnes âgées en évaluant son équité. Cette équité n’est pas jugée par le
notaire à la place des seniors mais consiste à ce que le notaire révèle les
risques potentiels des termes du contrat, afin de combler le déficit
d’information des personnes âgées et d’aider les deux parties à exprimer
véritablement leurs volontés. Les termes du contrat confirmés par les deux
parties, après que le notaire a rempli le devoir d’informer, peuvent être
considérés comme équitables.
En ce qui concerne l’examen des termes du contrat, il
se fonde principalement sur les dispositions institutionnelles relatives au
droit d’habitation figurant au Chapitre XIV du Code civil de la République populaire de Chine.
L’article 367 du Code
civil de la République populaire de Chine dispose que pour constituer le
droit d’habitation, les parties doivent conclure un contrat de droit
d’habitation par écrit. Le contrat de droit d’habitation comprend généralement
les clauses suivantes : (a) le nom ou l’appellation, et le domicile des parties
; (b) la localisation du logement ; (c) les conditions et les exigences de
l’habitation ; (d) la durée du droit d’habitation ; (e) le mode de résolution
des litiges.
Il est à noter que tous ces éléments
énoncés ne sont pas nécessaires à l’établissement du droit d’habitation. Seuls
les premier et deuxième alinéas sont obligatoires pour la constitution du droit
d’habitation. Toutefois, afin d’assurer la mise en œuvre effective du contrat
et de clarifier les droits et obligations des deux parties, le notaire doit
recommander et encourager les parties à conclure un contrat plus explicite sur
le droit d’habitation afin de protéger les droits des personnes âgées d’une manière
plus complète.
Par exemple, les termes du contrat doivent préciser la
zone dans laquelle le droit d’habitation sera établi ; habituellement, le droit
d’habitation doit être établi sous la forme d’une résidence entière, mais il
n’est pas exclu que, dans certains cas, la personne âgée et le cessionnaire du
bien immobilier vivent ensemble, et dans ce cas, il convient de préciser si le
droit d’habitation sera établi dans une partie du logement ou non. Dans ce cas,
le notaire doit rappeler aux parties au contrat que, pour assurer les besoins
normaux de la personne âgée, la zone à utiliser devra comprendre également la
cuisine, la salle de bain, le couloir et d’autres parties communes et
habitables.
En outre, bien que le droit d’habitation soit un droit
d’usufruit créé pour une personne physique spécifique, le notaire doit inviter
les parties au contrat à déterminer l’étendue des cohabitants, en tenant compte
des besoins en soins de la personne âgée et des besoins de cohabitation de son
compagnon, et à clarifier si le titulaire du droit d’habitation peut cohabiter
avec des membres de sa famille ou avec ses aidants naturels. Le notaire doit
informer également les parties que le droit de cohabitation avec le titulaire
du droit d’habitation, qui est fondé sur l’autorité parentale ou le droit de
créancier du titulaire, n’est pas le même que le droit d’habitation du
titulaire et que ce droit de cohabitation sera perdu avec l’extinction du droit
d’habitation du titulaire du droit d’habitation. En même temps, le notaire doit
rappeler aux parties au contrat que l’étendue des cohabitants doit être
conforme aux principes de l’ordre public et des bonnes mœurs.
D’ailleurs, compte tenu de la nature à long terme du
droit d’habitation et de l’exclusivité de l’habitation, le notaire doit
conseiller aux parties de préciser la répartition de la responsabilité des
réparations du logement, lorsqu’il est utilisé par le titulaire du droit
d’habitation, ainsi que la prise en charge des coûts des réparations du
logement et les taxes et redevances liées à l’utilisation du logement. Le
notaire doit également conseiller aux parties au contrat d’établir le droit
d’habitation en même temps ou le plus tôt possible après le transfert de
propriété du logement afin d’éviter la création d’une hypothèque sur le bien
immobilier par un tiers à l’avance, ce qui déclasserait le droit d’habitation
et affecterait potentiellement l’exercice du droit d’habitation par son
titulaire. C’est la raison pour laquelle, lors de l’élaboration des
dispositions relatives au règlement des litiges concernant le droit
d’habitation, les termes du contrat devraient également inclure des recours
dans le cas où le droit d’habitation n’a pas été établi, ou n’a pas été établi
en priorité, afin de garantir que les personnes âgées ne soient pas placées
dans une position défavorable lors de l’exécution du contrat.
Ici, il convient
également de noter que l’article 369 du Code
civil de la République populaire de Chine prévoit que le droit d’habitation
ne peut être cédé ou transmis par héritage. Le logement objet du droit
d’habitation ne peut pas être loué, sauf clause contraire des parties.
Contrairement au Code civil français,
qui prévoit que le droit d’habitation ne peut être ni cédé ni loué dans le
Titre III « De l’usufruit, de l’usage et de l’habitation » du Livre II « Des
biens et des différentes modifications de la propriété », le Code civil chinois accorde aux parties
un droit d’autonomie de volonté dans la location du logement pour lequel le
droit d’habitation a été établi. Le droit d’habitation est le droit d’occuper
et d’utiliser le logement d’autrui et son but est de satisfaire les besoins
d’une habitation quotidienne du titulaire du droit. De manière générale, le
droit d’habitation est ainsi créé sans compensation et le titulaire du droit
d’habitation ne dispose pas de droit de percevoir des revenus du logement.
Toutefois, dans le type de contrat familial dont nous parlons, le droit
d’habitation après le transfert de propriété a pour but d’assurer aux personnes
âgées une résidence de qualité et continue pendant leurs vieux jours. Nous ne
pouvons donc pas exclure les cas où le titulaire du droit d’habitation loue le
logement, perçoit les revenus du loyer et utilise ces revenus pour satisfaire
son habitation sous une forme plus favorable à la vie de la personne âgée. Par
conséquent, lors du traitement du contrat, le notaire doit également conseiller
les parties au contrat sur la nécessité de convenir de la location du bien
immobilier par le titulaire du droit d’habitation.
L’article 366 du
Code civil de la République populaire de Chine définit le droit
d’habitation comme le droit d’usufruit à la possession et à l’utilisation du
logement d’une autre personne, ainsi
l’obligation d’exécution préalable du contrat familial est le transfert du
titre de propriété du bien immobilier. Pour autant que le bénéficiaire du
transfert remplisse les conditions de la politique de transfert des biens
immobiliers, le propriétaire initial de l’immobilier peut transférer la
propriété immobilière par le biais d’une vente. À cet égard, les notaires
doivent noter que, bien que ces transferts de droits de propriété entre membres
de la famille utilisent généralement un prix nettement inférieur au prix du
marché lors de l’établissement du contrat afin d’éviter que les deux parties au
contrat ne se soustraient à l’impôt en sous-estimant malicieusement le prix, le
que cette sous-estimation ne doit pas être inférieure au prix minimum du
contrat tel qu’approuvé par le département du registre des biens immobiliers et
le département des impôts.
Dans le cas du transfert de droits de propriété par le
biais de la vente, le contrat peut également convenir de la méthode de paiement
du prix. Les deux parties au contrat peuvent convenir de payer le prix par
tranches au propriétaire initial du logement, sous la forme de « pensions de
vieillesse » versées mensuellement ou trimestriellement aux personnes âgées, ce
qui peut non seulement alléger la pression sur le paiement du bénéficiaire du
transfert du logement mais peut également servir de compensation pour les frais
de subsistance des personnes âgées.
Selon la Loi sur
le notariat de la République populaire de Chine, les notaires peuvent
fournir des conseils juridiques notariaux. Par conséquent, outre
l’authentification directe de ce type de contrat, les parties, lorsqu’elles
signent un tel contrat de leur propre chef, peuvent également s’adresser à un
établissement notarial afin d’obtenir des services juridiques. À ce titre, un
notaire peut aider à la formulation du contrat et expliquer les droits et les
obligations des parties impliquées dans le contrat. La preuve du processus de
l’établissement du contrat, c’est-à-dire la réunion de famille de négociations
préliminaires, peut alors, si nécessaire, également être conservée à la demande
de la personne qui conclut le contrat.
La participation du notaire ne signifie pas qu’il n’y
aura pas de litiges ou de procès dans le cas d’un contrat de disposition de
biens sous réserve de la constitution d’un droit d’habitation ; l’objectif de
la participation notariale à l’établissement du contrat est de fixer la
véritable volonté des parties au contrat et de fournir une explication complète
des droits et des obligations afin de garantir que toutes les parties au
contrat ont une compréhension complète et précise des droits conférés par le contrat
familial ou des obligations assumées par les parties. Les parties au contrat
sont conscientes des conséquences juridiques qui résulteront de l’expression de
leurs volontés, ce qui crée une équité et une justice au sens juridique, et
après la signature du contrat, si les membres de la famille sont en désaccords
sur l’exécution du contrat et s’adressent au tribunal, le juge sera en mesure
de statuer de manière juste et correcte sur la base du fait que le contrat
familial a été authentifié ou que le processus de négociation du contrat a été
conservé par voie notariale, d’où l’importance de l’intervention du notariat
dans ce type d’contrat.
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