Quand le bâtiment va...
Olivier VIX
Délégué du Conseil Supérieur du Notariat pour la Chine,
Administrateur du Centre, Notaire à Rouffach
Voilà plusieurs mois que la presse nous alerte sur l'importante crise du
logement qui sévit dans toute la France. Même si l'immobilier d'exception
semble un peu plus à l'abri, le constat est douloureux dans tout I'écosystème
immobilier : de l'artisan au promoteur, du courtier à l'agent immobilier
jusqu'au notaire, personne n'est épargné.
L’une des manifestations de cette crise inédite depuis plusieurs décennies
est la chute historique du nombre de permis de construire. Entre avril 2023 et
mars 2024, le nombre de logements autorisés à la construction s'établissait à
358 600, soit 19,8% de moins que sur les 12 mois précédents (Min. Transition
éco., AFP,30 avr.2024). L'immobilier ancien souffre tout autant. Le nombre de
transactions est tombé en un an de 1,2 million à 793 000 (Notaires de France) et déjà le cortège des faillites
grossit:122 en 2023 chez les promoteurs soit plus de 73 % par rapport à 2021,
887 chez les agences immobilières soit plus de 206 % par rapport à 2021
(Altares). Moins de transactions signifie aussi moins de droits de mutation
pour les collectivités territoriales. La hausse des taux d'intérêt, considérée
comme la raison principale de cette situation, cache en réalité une crise aux
causes multifactorielles plus profonde : augmentation du coût du foncier, des
matériaux de construction, des normes; réglementation de plus en plus
contraignante alourdissant les procédures; zéro artificialisation nette (ZAN) des sols à venir; moyens financiers des communes
réduits limitant leurs possibilités de créer des équipements. Tous ces facteurs
ont des conséquences sur le coût de la construction et sur ses délais alors que
les revenus des ménages n'ont pas augmenté et que leur pouvoir d'achat a
baissé. Pourtant le besoin de se loger ne s'est pas amoindri et devient de plus
en plus problématique auprès des plus fragiles.
La main invisible d'Adam Smith n'a pas rééquilibré le marché. Pire elle
semble l'avoir fissuré. Des solutions ont été proposées par les professionnels
de l'immobilier: une TVA au taux de 5,5 % pour une première accession,
faciliter la transformation des bureaux vacants en habitations, revoir la
taxation fiscale et sociale des plus-values immobilières, permettre la
déduction des intérêts d'emprunt des revenus et, notamment, proroger le
dispositif Pinel.
|