Les outils informatiques développés par l’ADSN
François-Xavier BARY
Directeur général adjoint de l’Association
pour le développement du service notarial (ADSN)
Direction des partenariats, de l’Europe et de
l’International. Directeur de l’ARERT
L’ADSN a développé plus de 70 outils informatiques, nous avons donc dû faire
des choix pour vous en présenter certains aujourd’hui, vu le délai qui nous
était accordé. Le nombre des services de l’ADSN reste croissant au gré des
commandes de l’État pour la partie régalienne, mais aussi en fonction des
besoins des offices qui se digitalisent et qui ont besoin des outils de plus en
plus nombreux notamment en termes de cybersécurité.
Par conséquent, nous avons tout d’abord choisi de vous parler
aujourd’hui de la Clé Réal qui permet la signature et l’authentification des
notaires, et ensuite du MICEN, c’est-à-dire le Minutier central, l’espace de
stockage extrêmement sécurisé qui recueille les actes électroniques signés.
La Clé Réal est un outil de signature électronique qu’utilisent les
notaires et a été mis en place au début des années 2000 conformément au
règlement européen de 1999 sur la signature électronique qui prévoyait qu’un
document pouvait être dématérialisé et avoir une valeur légale, et dans la loi
de mars 2000 l’acte authentique a été cité comme un des documents qui pouvait
être dématérialisé. Dans la perspective de l’acte électronique et de la
publicité foncière électronique, le notariat a mis en place un outil de
signature électronique que l’on appelle la Clé Réal. Le contexte légal dans
lequel s’inscrit la Clé Réal a été défini dans le cadre du décret sur l’acte
authentique électronique du 10 août 2005. En France, cette qualification devait
à l’époque être conforme à une loi sur la signature électronique sécurisée, et
puisque les notaires allaient échanger dans le cadre de la publicité foncière,
il y avait un référencier général de sécurité imposé par l’État français pour
tous les échanges sécurisés avec l’administration. La signature électronique
sécurisée des notaires a été mise en place et a été qualifiée par l’État
français en septembre 2007. Cela a été la deuxième signature électronique
qualifiée en France, après celle des banques.
En 2014, l’Union européenne a publié le référencier e-IDAS, le règlement
qui concernait notamment la signature électronique et qui redéfinissait ce qui
était la signature sécurisée et qualifiée qui s’appliquait aux notaires. Depuis
cette époque, la signature des notaires est qualifiée grâce au règlement
européen e-IDAS permettant de signer des actes authentiques électroniques. Un
des atouts de cette signature qualifiée est l’inversement de la charge de la
preuve, c’est-à-dire que lorsque le notaire a signé l’acte en tant qu’officier
public, quelqu’un qui souhaiterait venir contester cette signature pour des
motifs techniques devrait démontrer la faille du système. Dans ce cas, ce ne
sera pas au notariat de prouver que le système fonctionne puisque le système
est qualifié en vertu d’audits qui ont lieu très régulièrement et qui en certifient
la qualité.
La Clé Réal a permis la mise en place de l’acte authentique électronique
qui a débuté d’abord par la constitution d’une archive numérique électronique
puisque le principe absolument essentiel à retenir est que ces documents
électroniques doivent être conservés sans limite de temps, de manière privée et
centralisée par les notaires, pour une période de 75 ans minimum. Donc ce
projet tient à mettre en œuvre un système qui pourrait garantir l’intégrité et la
relecture de ces documents dans le temps.
Depuis 2011 environ, les notaires ont réalisé beaucoup d’actes
authentiques électroniques. Aujourd’hui, 90-95% des actes sont réalisés sous
format électronique. Autrement dit, c’est plus de 16 000 actes électroniques qui
sont signés par jour en France et parmi lesquels, 10-11% à peu près sont
réalisés à distance.
En France, il existe deux façons de recevoir des actes à distance. La
première façon, propre aux méthodes de fonctionnement des notaires français
permet de recevoir un acte authentique simultanément dans deux offices
notariaux - l’office du notaire intervenant et l’office d’un notaire
participant à savoir le notaire de certaines des parties, ce qui leur permet de
ne pas avoir à se déplacer d’un point à l’autre de la France. L’acte est ainsi reçu
comme si tout se passait dans un même bureau alors qu’il est signé dans deux
offices notariaux différents.
Alors comment cela se passe concrètement ? Chaque client est présent
auprès de son notaire dans l’office notarial, le notaire utilise un système de
visioconférence qualifié, comme l’a expliqué le Président Humbert tout à
l’heure. Les offices sont en effet reliés via ce dispositif et chacun peut voir
les clients et l’acte est lu à l’écran dans les deux offices simultanément par
le notaire intervenant. Une fois que l’acte a été lu et que les parties se sont
mises d’accord et que les éventuelles modifications ont été faites, le notaire
instrumentaire transfère à son confrère le formulaire de recueil de signature
électronique qui le fera signer par ses
clients avec lui dans l’office notarial, sous le regard du notaire
instrumentaire et des clients qui sont chez le notaire principal. Une fois que
le notaire a fait signer ses clients au moyen de sa Clé Réal, il va transmettre
à son confrère ce formulaire de recueil de signature qui va ensuite être
intégré dans l’acte, puis le notaire principal instrumentaire va faire signer
ses clients, et enfin, il va signer l’acte authentique électronique.
Une autre méthode pour recevoir des actes authentiques électroniques a
été mise en place suite à l’épidémie de coronavirus de 2019. En 2020, cette
méthode a permis au notaire de recevoir la signature de son client à distance,
c’est-à-dire que le client est présent virtuellement avec son notaire mais pas
physiquement dans l’office notarial. Cette méthode a permis au notaire de
signer tout type d’acte authentique électronique entre le mois d’avril et le
mois d’août 2020, mais à partir du mois d’octobre 2020, seules les procurations
authentiques peuvent être reçues sous cette forme.
Bien entendu, ces modalités de réception des actes ne changent en rien
la qualité de l’acte authentique, il n’y a qu’un seul acte authentique
électronique, qu’il soit reçu dans l’office du notaire, qu’il soit reçu à
distance entre deux notaires, ou qu’il soit comme dans le cadre de la
procuration authentique reçue avec le client qui ne se trouve pas physiquement
présent. La spécificité de cette dernière façon de recevoir l’acte authentique est
due à l’absence du client, rendant ainsi plus complexe la vérification de son
identité.
Il y a une autre distinction importante entre cette procuration reçue à
distance et le reste des actes authentiques électroniques est qu’en France, de
par le décret de 2005, les clients doivent apposer l’image de leur signature
manuscrite sur les actes, mais dans le cadre de la procuration, en plus, ils
vont devoir procéder à une signature électronique du document, ce qui n’est pas
le cas pour les autres types d’acte aujourd’hui.
En France, la vérification de l’identité à distance doit se faire dans
des conditions très strictes qui sont définies par l’État, et pour cela, le
notaire doit avoir recours à un prestataire de vérification d’identité à
distance qualifiée. Cependant, il va de soi que la vérification de l’identité
ainsi que le reste du processus de signature de l’acte doit se faire sous le
contrôle du notaire qui décide de la suite et de la signature de l’acte. Le
notariat français et l’ADSN, ont mis en place un outil qui permet de vérifier
l’identité du client, sous le contrôle exclusif du notaire, participant à l’intégralité
de ce processus aux côtés du prestataire.
Le reste du processus de recueil de la signature de la procuration à
distance est somme toute assez similaire à celui de n’importe quel acte à
distance, c’est-à-dire que le notaire va procéder à la lecture de l’acte, le
client va donc valider le document, le signer électroniquement et
graphiquement, puis le notaire va procéder à la signature électronique de cette
procuration via le même procédé qui sera utilisé pour toute autre type d’acte.
Après la description de ce système, tous les actes authentiques
transitent via le réseau sécurisé que le notaire utilise, qui est un réseau
agréé par le Conseil supérieur du notariat. Il arrive ensuite sur ce que l’on
appelle le cœur du réseau privé Réal, puis il est déversé dans des serveurs qui
sont sous le contrôle et la maîtrise exclusive de l’ADSN par délégation du
Conseil supérieur du notariat. En effet, depuis le décret de mars 2000, c’est
le Conseil supérieur du notariat qui a la responsabilité de conserver les actes
électroniques des notaires pour les notaires et il a délégué à l’ADSN cette
mise en œuvre technique.
En outre, les principaux outils informatiques
développés par l’ADSN comprennent également l’intranet du notariat Réseau Réal,
la plateforme d’échanges dématérialisés PLANETE, le fichier central des
testaments connecté au réseau européen des registres testamentaires FCDDV,
ainsi que le système de télétransmission et de dépôt de la publicité foncière
Télé@ctes. Faute de temps, je ne pourrai pas faire de présentation exhaustive
aujourd'hui, mais j’attends avec impatience la prochaine occasion pour échanger
avec mes confères chinois.
|