Les clés de lecture plus simples et précises du
RPN
Henri CORMIER
Nouveautés, précisions apportées dans ce nouveau règlement, questions
qui ont fait débat… Plusieurs membres de la commission Discipline et
Déontologie ayant participé au groupe de travail chargé de rédiger le nouveau
règlement reviennent sur la nature et les objectifs de leurs travaux.
Pour les
rédacteurs du nouveau Règlement professionnel du notariat, la tâche consistait
à expliciter et à compléter le code de déontologie en évitant la paraphrase et
la répétition. Il s’agissait aussi de mettre à jour les règles du Règlement
intercours en les adaptant aux évolutions de la profession. Des rédacteurs qui
insistent sur l’importance du collectif mobilisé pour réaliser, en quelques
mois seulement, cette importante remise en forme des règles professionnelles. « Ce travail de fond assez lourd a soudé les
membres de l’équipe, confie Anthony Viciana, notaire à Saint-Thibéry
(Hérault). Ce qui était passionnant, mais
aussi rassurant pour l’avenir de la profession, c’est le fait que des
confrères, quelle que soit leur façon de vivre leur métier, leur type de
structure ou leur zone géographique, avaient une vision commune de ce que doit
être notre profession et de la manière dont elle doit fonctionner. »
Une vision
partagée qui n’a bien évidemment pas empêché les uns et les autres de débattre
sur certains sujets, de passer des heures parfois sur un mot et sur les
interprétations auxquelles il pourrait donner lieu.
Parmi les points
qui ont fait débat au sein de la commission Discipline et Déontologie figure,
par exemple, l’introduction dans le RPN du tiers-lieu comme lieu de production.
À la demande du Bureau du CSN, l’équipe soin de la limiter à des activités de production,
excluant toute extension de ces tiers-lieux à la réception de la clientèle. « À partir du moment où les tiers-lieux
permettent uniquement à certains notaires d’externaliser une partie de leur
production dans un local et que cela ne crée donc aucune concurrence, même ceux
qui étaient plutôt sur une ligne “traditionaliste” ont validé cette évolution »,
note Laurent Teffaud, notaire à La Tranche-sur-Mer (Vendée).
En phase avec les pratiques d’aujourd’hui
Globalement, la
bataille des anciens et des modernes n’a donc pas eu lieu. En tout cas jamais
au point de provoquer des blocages, tant l’idée de mettre davantage les règles
professionnelles existantes en phase avec les pratiques actuelles a pesé sur
les décisions finales.
L’assouplissement des règles de nommage illustre cet esprit de conciliation
qui a prévalu lors des travaux du « groupe de travail » sur le RPN. «
Plusieurs positions se sont exprimées à ce sujet. Si certains membres étaient
plutôt favorables au maintien des règles de dénomination de l’office, de son
adresse courriel ou encore de son site internet, au bout du compte, le vote
[en AG du CSN] qui a ouvert la voie à une liberté accrue dans ce domaine est
apparu plus cohérent », reconnaît Stéphane Barre, notaire au Puy-en-Velay
(HauteLoire) et président de la commission Discipline et Déontologie. Le RPN
voit l’arrivée d’autres évolutions, à l’instar de la modification des règles de
contrôle des instruments de communication, via le site Internet notamment.
Celles-ci n’ont plus besoin d’être agréées a priori, mais uniquement a
posteriori par les chambres des notaires.
La notion de
sollicitation personnalisée a quant à elle été développée, expliquée, mais aussi
scrupuleusement encadrée par le groupe de travail, malgré les recommandations
de l’Autorité de la concurrence en faveur d’un élargissement de ce principe.
L’équipe a toujours veillé à ne pas laisser planer d’incertitudes sur la
signification des grandes dispositions inscrites dans le code de déontologie en
apportant les précisions nécessaires dans le RPN (voir encadré).
Des outils plus simples et plus faciles à mettre en œuvre
Au-delà de ces
évolutions, le principal changement concerne le principe de « plume unique ».
Cette nouvelle règle, qui avait déjà été arrêtée par le CSN, instaure la plume
unique vendeur. Les rédacteurs ont donc intégré cette nouvelle règle de plume
en la simplifiant un peu.
« Aujourd’hui, le
notaire du vendeur va donc tenir la plume, avec une seule exception pour le
notaire acquéreur, qui reprend la main lorsqu’il exerce dans le département de
l’immeuble. Ce qui paraît logique dans la mesure où le notaire du département
est plus au fait des réalités locales », note Laurent
Teffaud.
Grâce au travail
fourni en un temps record par les neuf membres qui ont fait partie de l’équipe
de rédaction, le RPN est entré en application en même temps que le code de
déontologie. Une concomitance nécessaire tant les deux textes sont complémentaires
et fonctionnent en miroir et du fait de l’abrogation de l’ancien règlement
national-règlement intercours depuis le 1er février 2024. Le RPN va surtout
mettre à la disposition de la profession des outils plus faciles à lire et à
mettre en place.
« Plus faciles à
lire parce que plus faciles à comprendre et plus faciles à mettre en place
grâce à la réforme de la discipline », insiste Laurent
Teffaud.
Un point de vue
partagé par l’ancien président de la chambre interdépartementale des notaires
d’Auvergne. « Près de 60 % de mon activité, lorsque j’étais président de
chambre, concernait la discipline. Lorsqu’un confrère ou une consœur a une
difficulté ou une question dans ce domaine, le premier réflexe c’est
d’interroger la chambre. Alors oui, le RPN va également être un véritable outil
pour les instances de la profession », souligne ainsi Stéphane Barre.
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Une
présence nécessaire
Le
groupe de travail a insisté sur la présence du notaire lors des rendez-vous
de signature. Un rappel de l’importance de cette notion de temps long
inhérente à celle d’authenticité et qui implique que le notaire ait la
maîtrise de l’ensemble du dossier et reçoive lui-même la signature de ses
clients. « On a mis l’accent sur l’obligation pour le notaire d’être
présent tout au long du rendez-vous et sur le fait qu’il ne peut pas se
contenter d’arriver à fin pour apposer sa signature, souligne Anthony
Viciana. Cet aspect essentiel de la mission du notaire n’avait jamais
été autant précisé dans les textes. »
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