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Tour de France des AG Étape azuréenne sur la cybersécurité

Tour de France des AG

Étape azuréenne sur la cybersécurité[1]


 En 56 étapes, le Tour de France des assemblées générales des membres du Bureau du CSN et des délégués Cohésion notariale, entourés de dirigeants du CSN et de la Banque des Territoires, a permis d’alerter la profession sur la progression de la menace cyber tout en apportant les informations nécessaires pour s’en protéger. Arrêt sur AG dans les Alpes-Maritimes avec Sophie Sabot-Barcet, présidente du CSN.

 

Toute la compagnie maralpine a fait le déplacement, ce 16 mai, pour assister à l’assemblée générale convoquée par la chambre des Alpes-Maritimes, soit quelque 480 notaires. À l’entrée du casino de Cagnes-sur-Mer, ils ignorent encore que le menu présente cette fois une saveur particulière. En plus des sujets incontournables du moment et pour la première fois, l’assemblée abordera les enjeux de la sécurité informatique et opérationnelle dans les offices. Pour développer la problématique, la présidente du CSN, Sophie Sabot-Barcet. C’est la troisième étape de son Tour de France. Elle est notamment entourée de Jérôme Fehrenbach, directeur général du CSN, et de Jérôme Lamy, directeur des clientèles bancaires de la Banque des Territoires. 

L’augmentation significative du nombre d’attaques visant des offices ces derniers mois impose de tirer la sonnette d’alarme, de provoquer le sursaut nécessaire. « Nous sommes tous concernés, estime Sophie Sabot-Barcet. 17 000 notaires dans plus de 8 000 points de réception sont exposés, ils doivent être avertis du risque, s’y préparer, apprendre à s’en protéger, rester vigilants et, surtout savoir qu’ils ne sont pas seuls. »

 

Jouer collectif 

Le tableau est sombre. En France, le niveau général de la menace cyber a crû de 400 % depuis le début du Covid. 95 % des attaques relèvent du facteur humain. Sur les 777 dossiers ouverts depuis le 1er octobre 2018 auprès de LSN, 153 attaques sont survenues depuis le 1er janvier dernier. « On est toujours surpris par une attaque », note Sophie Sabot-Barcet qui précise que les cybercriminels « ont une connaissance très fine de l’office attaqué », quelle que soit la forme de l’escroquerie. Personne n’est à l’abri, petit ou grand office, rural, urbain ou semi-urbain. L’enjeu est collectif et impacte très au-delà de l’office attaqué. « Le risque d’une baisse de confiance de la part de nos clients et de réputation de la profession auprès de nos partenaires, pouvoirs publics, ministères, Cnil, Anssi[2], CDC ou assureurs, est désormais très concret », avertit la présidente du CSN, qui invite la profession à jouer le jeu collectivement afin de rester digne de son écosystème de confiance.  

Les typologies de fraudes se répartissent en quatre catégories principales : la fraude au président et au faux technicien, le ransomware et la substitution de RIB ou d’appel de fonds. « Les attaquants ne sont pas des robots », explique Jérôme Fehrenbach, qui en expose les différents profils : « Il peut s’agir de très bons acteurs qui usurpent deux identités en cas de fraude au faux président, d’autres plus "sédentaires" sont des artistes de la cyberfraude pour s’introduire dans les systèmes. Enfin, les criminels spécialisés dans le blanchiment ; ceux-là nous intéressent particulièrement. »

 

Bonnes pratiques 

Comment réagir en cas d’attaque ? Les mesures d’urgence sont détaillées. « Isoler immédiatement les postes informatiques pour éviter que le virus ne se propage à l’ensemble du système d’information, dans le cas d’une intrusion informatique », commente Jérôme Fehrenbach, ou prévenir immédiatement le centre de services bancaires de la Banque des Territoires, dans le cas d’une fraude au président. D’autres réflexes sont primordiaux, comme alerter les autres notaires et les collaborateurs de l’office, contacter le prestataire informatique, prévenir l’assurance par le biais de Fidelia, conserver toutes les preuves disponibles, prévenir les instances et le procureur de la République, déposer plainte sans oublier de notifier le délégué à la protection des données et la Cnil si des données personnelles ont été affectées. 

Parmi les nombreuses bonnes pratiques préconisées lors de l’assemblée, celle de ne jamais laisser sur l’ordinateur sa clé Real lorsqu’elle n’est pas utilisée. Sophie Sabot-Barcet compare cette négligence à « la mise à la disposition d’un criminel des clés et du porte-monnaie ». La présidente du CSN rappelle la valeur unique de « cette clé qui, bien plus qu’un outil, est la signature électronique permettant d’établir des actes authentiques. Ce n’est pas un stylo, c’est un pouvoir qui nous a été confié » ! Autres bonnes pratiques essentielles : proscrire l’envoi de documents sensibles par mail, toujours vérifier l’adresse électronique à laquelle on répond, pratiquer le contre-appel en cas de doute, adopter la double validation des virements... Et, bien sûr, protéger son réseau informatique à l’aide d’un pare-feu, d’un antivirus et d’un logiciel de monitoring qui alerte en cas d’activités anormales, sans oublier les sauvegardes régulières. 

Pour sécuriser les opérations bancaires, la Banque des Territoires propose de nouvelles mesures destinées à contrer les tentatives de fraudes au virement, fruits d’une étroite coopération avec le CSN. Dès le mois de février ont été mises en place des plages horaires d’émission des virements, en complément de la surveillance permanente des comptes et de la procédure de recall. 

« Il reste du chemin à faire », indique Jérôme Lamy, pour généraliser l’usage de l’authentification forte via HID Approve. L’application mobile sécurise l’accès à la banque en ligne, comme cela se pratique couramment. Elle deviendra incontournable à compter du 30 juin pour accéder à ses comptes en ligne. À partir de septembre, les opérations de virements saisies dans les logiciels comptables nécessiteront également une authentification via HID Approve, auquel il convient donc de s’inscrire. 

Pour mieux déceler les faux RIB et IBAN - ou les erreurs de saisie -, un autre outil, Sepam@il Diamond, est en phase de test.


La confraternité est une arme puissante

Dans l’assistance, on reconnait un risque « très élevé », selon cette notaire de Nice qui n’a pas été attaquée mais se dit « très vigilante » tout en soulignant que « les bonnes pratiques devront être partagées par toutes les équipes ».

« Petit ou gros office, que l’on soit seul ou vingt-cinq, des lors que l’on est en ligne, tout le monde est logé à la même enseigne », fait remarquer Hervé Accorsi, le nouveau président de la chambre départementale élu à l’issue de l’assemblée générale, qui a succédé à Nicolas Meurot. Unifier la profession sera l’une de ses combats.  « La cybersecurité est un outil qui peut recréer du lien, insiste-t-il. Nous devons tous nous sentir concernés. La confraternité est une arme puissante pour affronter la cybercriminalité. »



[1] Source : NVP, magazine d’information interne du notariat, juillet-août 2023.

[2] Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.



 

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