Le
notaire dans la protection des droits et intérêts environnementaux
FENG
Ai-fang
Notaire
à l’Étude du Nouveau Hongqiao à Shanghai
La protection environnementale consiste de
manière générale en tout acte humain
visant à résoudre les problèmes réels ou potentiels de l’environnement, à coordonner le rapport entre ce dernier et l’homme,
à préserver le milieu de sa vie, ainsi qu’à garantir un développement
socio-économique durable.
La protection environnementale relève à la fois
des sciences naturelles et des sciences sociales, et couvre des domaines aussi
larges que complexes. Au cours des 70 années après la fondation de la
République populaire de Chine, et notamment depuis la mise en application de la
politique de réforme et d’ouverture, pour résoudre les problèmes de pollution et de dégradation de l’environnement
ainsi que pour réaliser un développement équilibré et durable entre la nature,
l’homme et l’économie, le Parti communiste et le gouvernement chinois ont
accordé une importance particulière à la protection environnementale et adopté
divers outils, comprenant des outils administratifs, juridiques, économiques,
techniques, communicatifs, et
d’éducation.
Aujourd’hui, je me réjouis beaucoup de voir les
notaires chinois et français réunis ensemble, pour discuter de ce sujet de
grande importance, à savoir « le notaire et la protection
environnementale ». Mais pour parler de la protection, il faut commencer
par envisager la pollution. Laquelle est classée en quatre catégories :
pollution de l’air, pollution des eaux, pollution sonore et pollution des
déchets toxiques.
Dans ma présentation suivante, je me permets de
vous présenter, en m’appuyant sur mes expériences professionnelles, comment les
notaires chinois traitent les actes concernés par ces différentes catégories de
pollution, et apportent leur contribution à la protection de l’environnement.
Cas 1 : Conservation des
preuves pour le test de la qualité de l’eau
Un jour de l’année 2013, notre étude
a reçu le responsable du syndic des copropriétaires d’un quartier de résidence
à Pékin. Il nous a dit que les habitants de son quartier, notamment les
personnes âgées, étaient de plus en plus nombreux à souffrir d’ostéoporose et
par conséquent, victimes de fracture dès qu’ils tombaient. Ils se demandaient
si cette maladie n’était pas causée par la mauvaise qualité de l’eau potable
qui leur était fournie. En effet, depuis sa mise en service, ce vieux quartier
de résidence utilisait toujours l’eau des puits creusés par la société de
gestion immobilière, sans jamais avoir pu se raccorder au réseau municipal de
l’eau potable. Les propriétaires ont demandé à plusieurs reprises à leur
gestionnaire immobilier de procéder à un test sur la qualité de l’eau.
Cependant, les résultats des tests montraient toujours que la qualité de l’eau
était bonne. N’étant pas convaincu par ce résultat, et par souci de sécurité
alimentaire et de santé des habitants, le syndic des copropriétaires a demandé
au notaire de surveiller l’ensemble du processus de test depuis la prise
aléatoire de l’échantillon de l’eau jusqu’à la publication du rapport du test
en passant par la remise de l’échantillon à l’analyse, et d’émettre un acte
authentifié de conservation de preuve.
Après avoir reçu la demande du
client, le notaire est allé en personne au quartier de résidence en question,
pour authentifier le processus du test et rédiger l’acte de conservation de
preuve sur l’échantillonnage aléatoire de l’eau chez les habitants et sur la
remise immédiate de ces échantillons à l’analyse. Afin de garantir l’exactitude
du résultat du test, le notaire durant son travail a notamment fait attention
aux points suivants : 1) La propreté du récipient de l’échantillon.
Ayant obtenu le consentement du laboratoire chargé de test, le notaire a acheté
sur place quelques bouteilles d’eau purifiée, les a vidées et remplies ensuite
de l’eau servant d’échantillon pour le test ; et tout cela publiquement.
2) Le caractère aléatoire de l’échantillon. Le notaire n’a pas
pris l’eau à analyser chez les habitants recommandés par le syndic des
copropriétaires, mais a choisi lui-même les habitants et de façon aléatoire ;
en plus, une fois l’eau prise directement du robinet, la bouteille a été
immédiatement scellée, toujours sous les yeux du public. 3) La qualité du
laboratoire du test. Le notaire a conseillé au client de recourir à un
laboratoire professionnel habilité au test de la qualité de l’eau, et reconnu
par la profession comme faisant autorité. C’est ainsi que finalement le client
a choisi le Centre du test de la qualité de l’eau de « Beijing Water Group
», qui est le plus reconnu de la profession. 4) La surveillance de
l’ensemble du processus du test. Toutes les étapes du test ont été
accomplies en présence du notaire et notamment, l’eau échantillon, depuis sa
prise au robinet jusqu’à sa remise à l’analyse, se trouvait toujours sous l’œil
du notaire. 5) Le rapport du test a été reçu par le client en
présence du notaire, et conservé par celui-ci comme annexe de l’acte
authentifié. Grâce à cet acte authentique, le syndic des copropriétaires, muni
d’une preuve irréfutable, a gagné la position favorable devant le gestionnaire
immobilier et, après avoir négocié à nouveau avec ce dernier et communiqué avec
la société municipale des eaux, le quartier de résidence a été enfin raccordé
au réseau municipal et bénéficie aujourd’hui d’une meilleure qualité d’eau
potable.
Cas 2 : Conservation des
preuves pour le test de la qualité de l’air
Dans une campagne lancée par le
Bureau de la protection de l’environnement visant à améliorer la qualité de
l’air, une entreprise de construction a été sanctionnée financièrement et s’est
vu ordonnée de prendre des mesures de correction dans des délais déterminés,
pour ne pas avoir respecté les règles concernant le transport des déchets et le
contrôle des poussières ; plus grave encore, elle a été classée sur la
liste noire des entreprises faisant l’objet de surveillance étroite et de
sanctions rigoureuses. Bouleversée par ces sanctions, l’entreprise en question
a, d’une part, immédiatement élaboré un plan de correction, et d’autre part
s’est préparée à demander un réexamen aux autorités environnementales. Ainsi,
le représentant juridique de cette entreprise est venu à notre étude, nous
demandant de dresser un acte de conservation de preuve sur le processus et le
contenu du test de la qualité de l’air sur un échantillonnage aléatoire,
effectué par un laboratoire professionnel auquel a recouru cette entreprise.
Le notaire a adressé les demandes
suivantes à l’entreprise : 1) Le laboratoire qu’elle a mandaté doit avoir la
qualité professionnelle et l’habilitation au test. 2) La mesure de la teneur
des poussières dans l’air doit être effectuée sur la base d’échantillons pris à
des moments différents, à savoir « pendant le temps des travaux » et
« pendant l’arrêt des travaux ». 3) Les échantillons pris pendant le
temps des travaux doivent provenir de deux endroits différents, à savoir
« du chantier » et « des habitations à proximité du
chantier ». 4) En cas de journée de vent, les échantillons doivent être
pris à la fois en amont et en aval du vent. 5) En cas de besoin, les
échantillons peuvent être pris à plusieurs reprises, pendant plusieurs jours
consécutifs, à des moments différents, à des endroits différents, ainsi que
sous des directions différentes de vent.
L’acte authentique a décrit
objectivement le processus et le contenu de l’échantillonnage de l’air effectué
par le laboratoire. Ayant reçu cet acte ainsi que les rapports des tests sur
l’émission des poussières élaborés par le laboratoire habilité, et constaté
l’attitude et les mesures de correction prises par l’entreprise en question, le
Bureau de la protection de l’environnement a effectué un nouvel examen, avant
de réduire le montant de l’amende infligé à cette entreprise et de la retirer
de la liste noire.
Cas
3 : Conservation des preuves pour le test des nuisances sonores
La norme chinoise sur les nuisances
sonores dans les zones urbaines a fourni une définition claire sur la nuisance sonore dans
les quartiers résidentiels. Est considérée comme une nuisance un bruit qui
atteint 50 dB (décibels) en journée ou 40 dB de nuit dans un environnement à
l’extérieur. Cependant, cette limite est souvent non respectée dans la réalité.
Si les bruits perturbent gravement la vie des habitants, les victimes peuvent
saisir la police. Laquelle généralement adresse une sommation à l’émetteur du
bruit ; mais si celui-ci ne prend pas la sommation au sérieux, il sera passible
d’une amende de 200 à 500 yuans.
Souvent
des litiges se produisent entre voisins en raison des bruits. J’avais un client
qui, à cause des bruits de travaux d’aménagement de son voisin de l’étage
supérieur, a porté plainte directement à la police. A cause de son attitude
arrogante, ce voisin a été sanctionné par une amende. Ainsi une rancune solide
s’est-elle bâtie entre les deux voisins. Celui de l’étage supérieur a souvent
fait exprès de produire des bruits aux heures de repos de mon client, de telle
sorte que ce dernier a fini par être atteint d’insomnie et de convulsion. Pour
défendre ses droits et intérêts légaux et préserver les faits de l’infraction
de son voisin, mon client nous a demandé de procéder à la conservation des
preuves chez lui, aux heures de repos.
Ayant
reçu cette demande, le notaire est allé pendant trois jours consécutifs chez la
victime aux heures de la sieste. Ce dernier a mesuré les bruits avec deux
appareils différents (dont un acheté par lui-même et l’autre fourni par le
notaire) ; le notaire a enregistré le processus entier de la mesure par
vidéo et le résultat de la mesure par photo.
Avec
comme preuve l’acte authentique qui décrit objectivement et intégralement le
processus et le contenu de la mesure des bruits, la victime a saisi le tribunal
contre son voisin. Celui-ci a finalement été condamné par le tribunal à arrêter
immédiatement les actes de nuisance et à présenter des excuses à la victime.
Cas
4 : Conservation des preuves pour le test des matières toxiques
En
2016, à Pékin, des anomalies ont été trouvées dans le sang de plusieurs
écoliers. Les parents de ces derniers soupçonnaient que les matériaux utilisés
par l’école dans les travaux de rénovation, notamment les pistes en plastique
du terrain de sport, soient à l’origine de l’intoxication, puisque celles-ci
dégageaient une très forte odeur. Cette affaire est devenue un cas typique de
pollution causée par les travaux de rénovation et une grave atteinte à la
sécurité scolaire, focalisant ainsi l’attention particulière du gouvernement et
du public.
Pour
trouver la véritable origine de la pollution et le plus rapidement possible,
dissiper ainsi l’inquiétude des parents qui n’avaient déjà plus de confiance en
l’école, celle-ci a accepté que les deux parties fassent appel à une tierce
personne neutre, c’est-à-dire au notaire, pour qu’il authentifie le processus
et le contenu du prélèvement des échantillons du revêtement des pistes du
terrain de sport, ledit prélèvement étant assuré par deux laboratoires mandatés
respectivement par les deux parties, et qu’il émette un acte de conservation
des preuves.
L’acte
authentique a décrit objectivement le processus et le contenu du prélèvement en
question, et facilité la rédaction des rapports des tests par les deux
laboratoires professionnels. Conformément au principe « Tout pour les
enfants », l’école et les parents ont abouti à un consensus sur le projet
de rénovation de l’environnement scolaire, de sorte qu’on puisse éliminer
autant que possible les risques qui menacent la santé des écoliers.
Conclusion
En
Chine, la protection environnementale est une œuvre qui a commencé à partir de
rien mais qui a connu un développement très rapide. Aujourd’hui, nous sommes en
train de voir une amélioration de la législation chinoise sur l’environnement et
une sensibilisation environnementale et
juridique de l’opinion publique sur ce sujet. Comme le notaire occupe une place
neutre et impartiale, comme son intervention garantit l’objectivité,
l’authenticité et la légalité des preuves sur les actes ou les faits, et comme
les preuves authentifiées possèdent une force probante prioritaire, tout le
monde, que ce soit les citoyens, les entreprises ou même les établissements de
l’administration, recourt à la crédibilité du notaire
pour obtenir son soutien et protéger ses droits et intérêts légitimes. C’est
ainsi que le notaire joue un rôle de plus en plus important dans la prévention
contre les litiges et les risques, dans la solution des contentieux, et dans la
protection des droits et intérêts légitimes du peuple.
La
protection de l’environnement est une responsabilité qui incombe à tout le
monde. Protéger l’eau claire et la montagne verte, cela revient à protéger la
montagne d’or et d’argent !
Travaillons
donc la main dans la main à la construction d’un monde écologique, juste et
équitable !
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