La
conservation des preuves électroniques sur Internet sous l’angle de l’activité
judiciaire[1]
ZHAO
Dian, Étude notariale de Minhang, Shanghai
Résumé :
À travers l’examen des problèmes juridiques liés aux preuves électroniques sur
Internet, le présent article entend analyser sous trois aspects (authenticité,
légalité et connexité) les raisons pour lesquelles ces preuves peuvent ne pas
être reçues et admises comme preuves par les tribunaux. En même temps, prenant
en compte les spécificités des preuves électroniques sur Internet, cet article
avance une proposition standardisée de la conservation des preuves
électroniques sous trois angles : la conservation intégrale, la
conservation légitime et la conversation régulière.
Mots clés :
Application judiciaire, la conservation notariale des preuves électroniques sur
Internet, proposition standardisée
Dans la pratique
judiciaire, les tribunaux se montrent vigilants vis-à-vis des preuves
électroniques, ce qui s’explique par deux raisons principales : d’une
part, les preuves électroniques sont conservées sous forme numérique sur un
support électronique, ce qui en facilite la falsification ou l’effacement. Par
conséquent, la détermination de la fiabilité des preuves électroniques est une
tâche hautement technique. D’autre part, les preuves électroniques sont créées
le plus souvent sur Internet sous forme anonyme, et il est difficile
d’apprécier le lien entre ces preuves et les faits à prouver.
En 2012, les
trois lois procédurales en Chine (procédure civile, pénale et administrative)
ont toutes érigé la preuve électronique au rang des preuves légales.
L’interprétation judiciaire sur l’application des règles de la loi de procédure
civile publiée en 2015 rappelle que les données conservées sur un support
électronique, telles que les courriers électroniques, les échanges de données
électroniques, les messageries du portable, et les messageries dans le Wechat,
peuvent valablement constituer une preuve. Avec l’évolution constante de
l’économie sociale et de la vie quotidienne sous l’influence de ‘l’Internet +’,
il faut donc continuellement améliorer la conservation et l’utilisation des
preuves électroniques sur Internet.
I Obstacles de l’utilisation des preuves
électroniques dans la pratique judiciaire
A Les
vices irrémédiables dans l’obtention des preuves
Les preuves
électroniques sont nécessairement temporaires, cela signifie que si ces preuves
ne sont pas acquises de manière légale, correcte et intégrale dans un certain
délai, il sera difficile de les reconstituer dans l’avenir. Les vices
irrémédiables dans l’obtention des preuves visent des situations dans
lesquelles la force probante des preuves électroniques est compromise ou même
déniée en raison de l’irrégularité ou de l’illégalité commise par des notaires
dans le processus de conservation des preuves, ou en raison du caractère
incomplet des preuves obtenues.
Le présent
article divise ces vices en deux catégories : les vices substantiels et
les vices procéduraux.
a) Vices
substantiels
Ce sont des
vices qui font perdre toute force probante aux preuves notariales, et
concernent des fautes lourdes commises dans l’obtention des preuves
compromettant leur véracité ou leur légalité. Il existe trois types de vices.
Le premier est
le vice d’objectivité. Au cours de la conservation des preuves électroniques
sur Internet, les actes irréguliers des notaires en violation des principes de
l’objectivité et de l’impartialité, conduisent à une incohérence ou même une
contradiction dans le contenu de l’acte authentique, ce qui compromet le
caractère objectif de l’acte. Dans l’affaire de la Société à responsabilité
limitée du Développement culturel (‘Ciel moderne’) de Pékin et l’Université de
Jiaotong de Xi’an[2],
le défendeur a dénoncé l’incohérence entre le contenu de l’acte notarial et le
contenu des 4 disques optiques joints à cet acte fournis par le demandeur. Pour
le demandeur, la divergence entre l’ordre effectif des chansons et l’ordre
apparu sur Internet a été causée par le fait du défendeur, et n’est pas
imputable au demandeur. Pour le juge de la première instance, « Pour
apprécier si les arguments du demandeur sont bien fondés, l’étude notariale
doit fournir des explications dans l’acte authentique. Le demandeur ne parvient
pas à donner une explication convaincante sur les vices de l’acte notarial. La
contradiction entre l’acte notarial et les disques optiques compromet la
fiabilité et l’objectivité de ce premier. Par conséquent, ces preuves sont
inadmissibles en justice pour établir la responsabilité civile du
défendeur. »
Le deuxième est
le vice d’intégralité. Au cours de la conservation des preuves électroniques
sur Internet, les notaires n’ont pas conservé ou enregistré toutes les
informations pertinentes telles que le contenu des preuves, les informations
secondaires, ainsi que les données corolaires, ce qui fait perdre à la preuve
électronique son objectivité. Dans l’affaire de la Société Anonyme de la
Culture cinématographique (Ours de paille de riz) de Pékin contre la SA de
l’industrie informatique et de Télécom de Jiangxi et la SA de la communication
multimédia (Succès) de Ningbo[3],
la Cour précise que «l’acte notarial litigieux a seulement constaté le
processus d’obtention des preuves sur le site Internet ‘jx.vnet.cn’ construit
par la Société Ours de paille de riz, mais il manque des informations
concernant le processus d’analyses de l’adresse IP correspondant à ce site
‘jx.vnet.cn’, ce qui constitue un vice dans l’obtention des preuves.
D’ailleurs, la conservation des preuves électroniques s’est déroulée dans un
lieu autre que l’étude notariale, et les notaires ont utilisé un port matériel
n’appartenant pas à l’étude, et l’environnement informatique n’était pas sous
leur contrôle. Dans un tel contexte, les parties au litige peuvent, à l’aide de
moyens techniques, obtenir le même résultat que celui contenu dans l’acte
notarial ainsi que dans les disques optiques. Par conséquent, même si le
demandeur a prouvé que les actes décrits dans l’acte authentique ont été fait
devant les notaires, cela est insuffisant pour prouver que lesdits actes ont eu
lieu sur Internet. Ce faisant, le demandeur ne parvient pas à prouver que la
Société de Télécom de Jiangxi avait mis sur son site la série de TV litigieuse,
et il ne parvient non plus à prouver que la Société ‘Succès’ avait fourni cette
série de TV à ce site Internet. »
La troisième est
le vice environnemental. Au cours de la conservation des preuves électroniques,
les notaires sont négligents lors de la vérification de la sécurité des
logiciels et des hardwares sur des ordinateurs ou des portables, ce qui
compromet le caractère objectif des preuves notariales.
b) Vices
ordinaires
Ce sont des
vices qui sont susceptibles de diminuer la force probante des preuves
notariales. Les preuves notariales sont attaquées par l’adversaire ou par les
tribunaux en raison d’irrégularités imputables aux notaires au cours de la conservation
de ces preuves, mais ces vices ne rendent pas ces preuves inadmissibles en
justice. Dans la pratique judiciaire, ces vices ordinaires comportent deux
variétés : le vice de compétence ou le vice matériel.
Le vice de
compétence est très fréquent dans la conservation des preuves électroniques sur
Internet. Puisque le service d’Internet est sans frontière, les éventuels
défendeurs d’un litige peuvent se trouver dans différentes régions du pays. Si
le demandeur se dirige vers les différents tribunaux, la question de la
compétence de l’étude notariale se posent lorsque les preuves électroniques
sont utilisées dans une autre ville que celle où se situe cette étude. Dans
l’arrêt de SA des techniques de la communication (Paroles du ciel) de Pékin
contre la SA de Restauration et Loisirs (Paradis sur terre) de Xi’an[4],
le défendeur avance que « selon les articles 22 et 24 du Règlement de la
procédure notariale, le Bureau de la Justice de Shanxi attribue la compétence
territoriale à l’étude notariale de la commune de Beilin pour le litige en
cause, et que l’acte authentique produit par l’étude notariale de la commune de
Yanta est en violation avec les règles procédurales, et de ce fait irrecevable
en justice.’ » Pour la Cour d’appel de Xi’an, « il est vrai que
ni le Règlement de la procédure notariale, ni l’Avis sur l’administration
professionnelle du notariat ne se prononcent sur la validité des actes
authentiques interrégionaux, mais vu le contexte dans lequel ces normes ont été
adoptées, il est clair que la valeur juridique des actes authentiques réside
dans sa force probante à l’égard des faits. Il n’y a aucun lien nécessaire
entre la force probante des actes authentiques et la violation des règles
concernant la compétence territoriale de l’étude notariale. La violation de ces
règles par les parties ou par les notaires ne rend pas nul l’acte authentique.
Par conséquent, l’argument avancé par la SA Paradis sur terre selon lequel
l’acte authentique est nul faute de compétence territoriale du notaire qu’il a
produit ne peut être retenu. »
Le vice matériel
vise des hypothèses où il y a des fautes d’orthographe ou il y a des pages
manquantes dans les pièces jointes. Dans l’arrêt de la SA de la technologie
numérique (Newman) de Hunan contre la Maison d’édition pédagogique de Hebei[5],
le défendeur fait valoir que le modèle de la machine achetée par la Maison
d’édition est U701, tandis que le modèle indiqué dans les pièces jointes de
l’acte notarial est U901. Pour le tribunal en dernier ressort, « en
ce qui concerne ce vice, l’étude notariale a produit un « rapport
complémentaire », qui corrige la référence du modèle de la machine dans la
partie du témoignage, afin de le rendre cohérent avec celui indiqué dans les
pièces jointes. Par conséquent, le modèle de la machine U701 constitue une
faute d’orthographe de la part du notaire. Il est légal pour l’étude notariale
de produire un « rapport complémentaire » après avoir constaté une
telle erreur grossière, et l’argument de la SA Newman ne peuvent pas être
retenu. »
Parmi les 224
affaires concernant la conservation des preuves électroniques sur Internet
jugées par le tribunal de la commune de Huangpu (à Shanghai), 40.18% d’entre
elle présentent un vice de compétence[6].
Les vices matériels sont relativement rares, mais ces vices sont de nature à
compromettre le caractère formel des actes authentiques ainsi que leur force
probante, ce qui doit attirer d’attention des notaires.
B Le
rejet de responsabilité dans les débats judiciaires
Le contenu des
informations sur Internet enregistre les actes ou les manifestations de la
volonté des individus sous forme électronique, et ces informations peuvent
prouver de manière dynamique les faits juridiques, les actes juridiques, ainsi
que la manifestation de la volonté des parties[7].
Mais ces informations sont le plus souvent créées dans un contexte anonyme.
Dans un tel contexte, si les preuves ainsi conservées ne gardent pas les traces
pertinentes, il est possible que l’adversaire en vienne à nier l’origine de ces
informations dans les débats devant les juges, ce qui crée un risque pour la
perte de la pertinence des preuves électroniques.
C La
crainte de la « preuve unique » et l’erreur dans l’attribution des
charges de la preuve
a)
Le problème de la « preuve
unique »
Le droit des
preuves en Chine insiste sur les interactions entre les différentes preuves
portant sur les faits litigieux. Par rapport à la législation pénale, le droit
civil en Chine se montre plus respectueux du principe selon lequel « la
preuve unique ne tranche pas le litige »[8].
Il faut atteindre un degré de « haute probabilité » pour fonder la
conviction des juges. Par conséquent, pour des preuves faibles ou viciées dans
les procédures civiles, la loi exige que ces preuves soient complétées par
d’autres preuves. L’article 71 de la Loi de procédure civile dispose ainsi
que : « Le Tribunal populaire doit vérifier l’authenticité des
sources audiovisuelles, et les combiner avec d’autres preuves disponibles afin
de décider leur recevabilité. » Ce texte vise les modes de preuves
traditionnelles, et cette exigence s’applique a fortiori à la preuve
électronique. Pour établir les faits principaux dans un litige, si les preuves
électroniques ne peuvent être complétées par des preuves de type
traditionnelles, il faut au moins que les premières puissent créer une chaîne
intégrale de preuves dans l’espace virtuel. Dans la pratique, il arrive souvent
que les clients se dirigent vers les notaires pour leur demander de faire un
acte authentique portant sur des courriers électroniques ou des données stockées
dans leurs ordinateurs (parfois, le fournisseur du serveur informatique va
effacer les courriers et les données électroniques stockées par leurs clients
afin d’empêcher que ces données n’occupent trop de ressources du serveur) en
vue d’accroître leur force probante et de s’en servir pour établir des faits
litigieux. Dans ce cas, même si ces clients sont informés par les notaires que
ces preuves ont perdu leur caractère objectif et que l’acte authentique ne
parviendra plus à accroître leur force probante, ils insistent pour réclamer un
acte authentique, car cela constitue pour eux le seul élément qui puisse
prouver l’existence du fait litigieux. En bref, le conflit entre le critère
exigeant de « la haute probabilité » retenu par les tribunaux et l’impossibilité
pour les clients de fournir des preuves électroniques suffisantes constitue
l’obstacle majeur pour l’utilisation judiciaire de ces preuves électroniques.
b) L’erreur
dans l’attribution des charges de la preuve
Selon le
principe général de la procédure civile, il incombe à celui qui invoque le fait
de le prouver. Mais dans les contentieux concernant les preuves électroniques,
les données électroniques sont le plus souvent entre les mains des fournisseurs
des services informatiques ou des opérateurs. Par rapport aux individus
ordinaires, ces acteurs bénéficient d’un grand avantage dans leur capacité à
fournir des preuves électroniques. Si les juges appliquent les règles des
charges de la preuve de manière rigoureuse, cela va conduire à une injustice
substantielle sous l’apparence d’une justice procédurale. Par exemple, dans
l’arrêt de Liu Yanjun contre la SA Taobao[9],
les preuves au soutien de la prétention du demandeur sont toutes entre les
mains de la société Taobao, et ce dernier peut à tout moment modifier ou
effacer des données électroniques sur le serveur informatique. Par conséquent,
certains proposent un renversement des charges de la preuve concernant les
preuves électroniques, conformément au principe de l’équité et le principe de
la bonne foi[10].
Mais ni la doctrine ni la pratique n’ont fixé un critère unique pour attribuer
les charges de la preuve, les parties peuvent se voir imposer des règles
injustes dans la conservation des preuves électroniques, ce qui constitue une
autre difficulté pour leur utilisation judiciaire.
II Proposition standardisée pour la conservation
notariale des preuves électroniques sur Internet
A
Aperçu général de la conservation notariale des preuves électroniques
Pour la
conservation notariale des preuves électroniques, la durée de vie sécurisée des
données électroniques comprend trois étapes : 1) la création des données,
2) la transmission et l’enregistrement des données, 3) l’obtention des données.
Le service de la conservation des preuves, « Shi Shi Bao », mis à
disposition par l’étude notariale de Minhang constitue une proposition de
conservation englobant les phases de la création, la transmission et
l’enregistrement des données. En simplifiant les choses, il consiste à
identifier la partie qui obtient les preuves via l’Autorité de certification
ainsi que l’enregistrement en nom réel, et cette partie identifiée peut ensuite
réaliser une série d’activités sur la plateforme notariale ‘Cloud’, y compris
la transaction électronique, la capture d’écran de la page Web, la gestion
déléguée des courriers électroniques, et l’enregistrement des messageries.
Après l’obtention des preuves, les données électroniques sont transmises au
serveur appartenant uniquement à l’étude notariale selon le protocole HTTPS.
Enfin, grâce au cryptage RSA, les risques de vol
et de falsification des données électroniques sont contrôlés. Vu la neutralité
de la technique, les juges ne contestent pas en général la création, la
transmission et l’enregistrement des données électroniques. Mais l’intervention
d’un individu est indispensable dans l’obtention des données électroniques. Par
conséquent, cette phase dans la conservation des preuves électroniques mérite
une attention particulière.
Selon nous, afin
de surmonter les obstacles dans l’utilisation judiciaire des preuves
électroniques sur Internet, il est essentiel pour les notaires d’ordonner leurs
activités autour des trois axes que sont « légalité, objectivité, et
connexité ». Les notaires doivent s’efforcer d’établir un système de
preuves dans l’espace virtuel au profit de leurs clients, et avancer une série
de propositions standardisées dans la conservation prenant appui sur la
spécificité des preuves électroniques, en vue d’en garantir la force probante
et de reconstituer la réalité des faits dans l’espace virtuel.
B Les
éléments de la proposition standardisée
a) La
conservation intégrale
La conservation
intégrale vise à conserver de manière intégrale tous le contenu et les notes
afin de démontrer l’objectivité des preuves électroniques dans l’espace virtuel
ainsi que leurs rapports avec les faits litigieux. La conservation intégrale du
contenu signifie que la conservation ne concerne pas seulement des éléments de
preuves stricto sensu, mais s’étend à toutes autres informations
pertinentes. La conservation intégrale des notes signifie que les notaires
doivent non seulement exercer leurs activités conformément aux dispositions de
la Loi sur le notariat, du Règlement de la procédure notariale, de l’Avis
directeur de la conservation notariale des preuves électroniques sur Internet
(Avis directeur), mais ils doivent en outre noter complètement
dans l’acte authentique tous les éléments de leurs opérations.
La conservation
intégrale se manifeste de la manière suivante – les preuves électroniques
comportent à la fois les informations secondaires[11] et les
informations contextuelles[12].
Le contenu intégral des preuves, des informations secondaires et des
informations contextuelles forme un système de preuves qui ne peut pas être
falsifié, et qui peut traduire fidèlement les activités des individus réalisées
dans l’espace virtuel. Au cours de la conservation, les notaires doivent en
toute connaissance de cause encourager leurs clients à conserver les
informations de toutes les parties concernant leur identité et leur compte (en
particulier les informations sur l’identification du nom réel), ainsi que les
informations en lien avec l’identité[13],
afin de créer le lien entre les preuves et le litige. Dans l’affaire de l’Ours
de paille de riz, la raison principale du rejet des preuves électroniques par
le tribunal est l’insuffisante d’objectivité et connexité des preuves
conservées. En particulier, lorsque les notaires utilisent des équipements qui
n’appartiennent pas à l’étude notariale, ils doivent conserver en même temps
des informations secondaires telles que la commande informatique ipconfig/all,
et le Traceroute. En outre, lorsque la conservation des preuves se réalise sur
un ordinateur n’appartenant pas à l’étude notariale, l’accent doit être mis sur
la conservation des preuves contextuelles afin que l’objectivité des preuves
soit assurée.
La conservation
intégrale se manifeste encore de la manière suivante – l’intégralité et la
continuité du processus de la conservation des preuves et de la rédaction de
l’acte authentique. Évidemment, la force probante de l’acte authentique qui
enregistre intégralement le processus et les résultats de la conservation est
plus grande que ce qui n’est enregistré qu’imparfaitement. La conservation des
preuves exige que les notaires adoptent le formulaire de l’acte notarial dit modèle
avec les éléments essentiels, ce formulaire pouvant refléter l’appréciation
personnelle des notaires des faits particuliers de chaque espèce. Le style est
relativement uniforme, mais il est en même temps facile d’adapter le formulaire
selon les changements de circonstances[14].
Un autre phénomène mérite notre attention : dans les années récentes, les
demandes de la conservation des preuves ne portent plus uniquement sur le
contenu des pages web, l’enregistrement des messageries, ou les courriers
électroniques, mais aussi sur la TV en direct, les jeux en ligne, ou les
applications. En même temps, l’espace de la conservation s’étend aussi au Web
mobile et à la plateforme du ‘Cloud’. Les modes de la conservation ne se
limitent plus à la capture d’écran ou à la photographie, mais devient la
combinaison de différentes méthodes. En d’autres termes, de plus en plus
d’éléments essentiels doivent être inclus dans l’acte authentique afin de
satisfaire aux exigences procédurales et de garantir l’objectivité des
résultats.
Il faut noter
que la « conservation intégrale » ne signifie nullement la
« conservation complète » à l’aveugle. Pour certains notaires,
« les captures d’écran de la première et de la deuxième page du Web
doivent pouvoir former un ensemble parfait », et « l’œuvre objet de
la contrefaçon doit être conservée en intégralité». Pourtant, la conservation
des données sans faire de tri non seulement augmente la charge des parties dans
l’obtention des preuves, mais elle cause aussi un gaspillage de ressources
judiciaires en raison de nombreuses informations inutiles collectées. En outre,
selon l’article 10 alinéa 7 de L’avis directeur, lorsque les clients demandent
la conservation de la totalité des informations informatiques, il faut assurer
que les preuves conservés en sont pas en conflit avec le contenu de ces
informations. Par conséquent, le notaire doit vérifier si les exigences de
cette disposition sont satisfaites avant de procéder à la conservation des
informations principales relatives aux faits litigieux.
b) La
conservation légale
Dans le contexte
des preuves électroniques sur Internet, la conservation légale signifie la
légalité de la qualité du demandeur de la conservation, la légalité du contenu
de la conservation, et la légalité de la compétence de l’étude notariale.
Premièrement,
la légalité de la qualité du demandeur et du contenu de la conservation. En ce qui concerne le demandeur de la conservation, l’Avis
directeur fixe le principe selon lequel les notaires doivent se livrer à un
contrôle sur le fond au niveau des « relations d’intérêts ». Dans la
pratique, le contenu de la plupart des preuves électroniques concerne les
parties au litige. Pour la légalité du contenu, la majorité des études
notariales se montrent conservatrices. Les notaires sont réticentes à effectuer
la conservation des preuves en matière pénale, et ils vont vérifier si le
contenu des preuves est en violation des règles de droit, s’il porte atteinte à
la vie privée d’autrui ou les secrets commerciaux, ou si les preuves ont été
obtenues de manière illicite. En résumé, le contrôle de la légalité de la
qualité du demandeur et du contenu de la conservation relève de la compétence
de l’étude notariale, et les tribunaux ne tranchent pas en principe sur les
contestations concernant la légalité de la qualité du demandeur et du contenu
de la conservation.
Deuxièmement,
la légalité de la compétence de l’étude notariale. La compétence territoriale des études notariales et les limites
territoriales de leurs activités sont en conflit avec le caractère
transfrontalier du service d’Internet. Selon nous, le défaut de compétence est
un vice ordinaire affectant la force probante des preuves électroniques, mais
ne constitue pas un vice fatal qui leur enlève tout effet juridique. Pour
l’application des dispositions de la Loi du notariat et du Règlement de la
procédure notariale intéressant la compétence territoriale, les notaires
doivent se référer aux pratiques des tribunaux pour ce genre de problème. A
titre d’illustration, selon L’interprétation judiciaire de la Cour suprême
populaire pour certains problèmes concernant les litiges des atteintes au droit
d’auteur sur Internet, « le tribunal compétent pour les litiges des
atteintes au droit d’auteur sur Internet est celui dans le ressort duquel se
trouve le lieu d’atteinte ou la résidence habituel du débiteur. Est considéré
comme le lieu d’atteinte là où se trouve les équipements tels que le serveur ou
le terminal informatique avec lesquels les actes dommageables ont été réalisés.
Si ces lieux sont difficilement déterminables, est regardé comme le lieu
d’atteinte là où se trouve des équipements tels que le terminal informatique
sur lequel le demandeur a découvert le contenu illicite ». Il est clair
que cette interprétation judiciaire met l’accent sur la particularité des actes
délictueux commis sur Internet, afin de faciliter l’investigation des faits.
Par conséquent, pour savoir si une étude notariale a la compétence
territoriale, il faut d’abord vérifier si celle-ci est capable de conserver des
preuves électroniques de manière rapide, efficace et intégrale. Si cette
conservation engendre le moindre coût pour le client et que ces preuves électroniques
risquent de se perdre à tout moment, il faut autoriser les notaires à conserver
ces preuves après avoir informé le client sur le vice de compétence et après
l’avoir mentionné dans un procès-verbal. Les études notariales ainsi que les
tribunaux doivent attacher plus d’importance à la force probante des preuves
elles-mêmes. Le défaut de compétence ne doit pas avoir pour effet de priver la
preuve de sa force probante, pourvu que la mauvaise foi des parties ne soit pas
établie.
c) La
conservation régulière
La conservation
notariale des preuves est incontestablement un service rendu aux clients. Dans
la pratique, le demandeur de ce service est le plus souvent des entreprises
d’Internet, d’innovation ou titulaires de droits de propriété intellectuelle.
Ces clients sont exigeants au niveau de l’efficacité et du caractère
professionnel des services rendus. La régularité de la conservation signifie
que nos services ne doivent pas suivre le mode mécanique de « vous
procéder aux opérations, nous contrôlons la régularité » mais, fournir un
service professionnel et global. D’abord, il faut se renseigner sur les motifs
des clients à conserver les preuves ; Ensuite, prenant en compte les
spécificités de l’utilisation judiciaire des preuves électroniques, les notaires
doivent aider leurs clients à établir un système de preuves dans l’espace
virtuel ; Enfin, les notaires doivent avoir un esprit ouvert. Pour les
nouvelles pratiques de la conservation, il ne faut pas les refuser de manière
catégorique, mais il faut trouver des solutions adaptées dans le cadre de la
Loi sur le notariat, le Règlement de la procédure notariale et l’Avis
directeur. À titre d’illustration, les notaires dans notre étude assistent
leurs clients pour conserver les données dans la Gestion du contenu Web, en
utilisant le logiciel de Wireshark[15].
[1] Article publié dans le Notariat de Shanghai, numéro 2, Année
2018.
[2] (2014) Cour d’appel de Shanxi, Chambre civile, numéro: 00074
[3] (2009) Cour de la première instance de Ningbo, Chambre civile,
numéro 87.
[4] (2010) Cour d’appel de Xi’an, Chambre civil, numéro 79.
[5] (2014) Cour d’appel de Shanghai, Première chambre civile, numéro
4805.
[6] Lin Song, Lin Zongliang, Dilemme et propositions d’amélioration
pour la conservation notariale des preuves électroniques sur Internet, Journal
de l’Université de la Poste et de l’électricité de Chongqing, mai 2012, Vol.24,
n°3.
[8] Li Ming, Étude sur la force probante des preuves, Presse de
l’Université de Science politique et de droit de Chine, thèse de doctorat.
[9] (2009) Cour de la première instance de Xihu, Chambre commerciale,
numéro 2710.
[11] Ce sont des informations concernant la création, la modification et
la disparition des données, telles que l’agenda du système, la date de
consultation, l’adresse IP, l’appartenance du nom du domaine, etc.
[12] Ce sont des données engendrées par les logiciels ou les hardwares,
telles que les données sur la version, les documents du système informatique,
le numéro du modèle des appareils qui ne appartiennent pas à l’étude notariale.
[13] Par exemple, identifier le fournisseur du service via le système
d’enregistrement de ICP et adresse IP, développé par le Ministère de
l’industrie et de l’informatique.
[14] Yao Lianghong, Recherche sur les effets juridiques de la
conservation notariale des preuves sur Internet, L’Université de Jiaotong de
Shanghai, mémoire de master.
[15] Wireshark est neutre techniquement. Il utilise pcap pour capturer
l’ensemble des données, mais ne modifie pas les données dans l’ensemble, ni ne permet de les envoyer.
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