LE NOTARIAT MONGOL
93 ans pour un
Jeune notariat
Le notariat Mongol a
été établi en 1924 sous l’influence soviétique. Mais sous sa forme actuelle, le
notariat Mongol date de sa réforme en 1997, faisant suite aux changements politiques
et économiques du pays. En 1997, la Loi du Notariat établissait le notariat de
cette nouvelle ère.
La transition vers
une économie de marché a entrainé la privatisation de l'immobilier et la
création de banques commerciales ; des prêts ont alors été accordés aux
clients sans garanties collatérales et notariales. Les tribunaux ont très vite
été inondés de réclamations et de nombreuses banques commerciales ont fait
faillite. Avec le développement du notariat dans le pays, la plupart de ces
difficultés ont été résolues.
En 2011, la Loi sur
le Notariat a été amendée avec un changement fondamental de principe : le
notariat est devenu une profession libérale et indépendante agissant au nom de
l'État sur une base d'autofinancement. Sa tâche principale est
l’authentification des actes dotés de la force exécutoire.
Cette loi est
actuellement en cours de révision : le projet de la nouvelle loi aurait
été approuvé par le gouvernement et sera soumis prochainement au Parlement.
Organisation du
Notariat Mongol
Les notaires mongols
sont près de 300 notaires pour 3 millions d’habitant :
-
110 notaires en province
-
173 à Oulan-Bator ;
la capitale, est divisée en 9 arrondissements ; le plus grand
arrondissement – Sukhbaatar- compte 41 notaires.
Dans les unités sous-territoriales administratives du pays, où il n'y a
pas de notaire, le chef de l'unité territoriale-administrative a le droit de
délivrer des actes notariés sur son territoire. En général, ces fonctionnaires
sont nommés par le Ministère de la Justice de la Mongolie.
Le notariat mongol
est regroupé dans la Chambre nationale. La Chambre des notaires est une
organisation non gouvernementale.
La Chambre nationale
a des représentations au niveau de la province et dans chaque arrondissement de
la capitale.
Les notaires exercent
de manière individuelle: un notaire par bureau avec ou sans collaborateur.
Le notariat est placé
sous la tutelle du Ministère de la Justice.
Le budget de la Chambre
nationale est alimenté par les notaires ; sur les sommes perçues par les
notaires sont prélevés sur une base mensuelle :
-
5% versés à la Chambre
nationale : 3% pour la Chambre et 2% pour l’assurance professionnelle
(auparavant l’assurance était payée de manière forfaitaire : 50 000
TM annuels en province et 100 000 TM dans la capitale)
-
Et une taxe de 10%.
La Chambre contrôle
annuellement les dossiers d’enregistrement des actes et ceux relatifs aux taxes
tous les 2 ou 3 ans.
Pour ce qui est de
l’assurance, la compagnie d’assurance paie les dommages si la faute est non
intentionnelle – seront ainsi pris en charge les dommages et pertes subis
par les clients en cas de faute due à une erreur professionnelle, une erreur
d’appréciation ou une déficience due à la formation du notaire; elle ne paie
pas pour les dommages issus d’une faute intentionnelle ou d’un crime.
L’assurance est sélectionnée annuellement par la Chambre après un vote et au
nom de tous les membres de la Chambre ; chaque notaire conclut son contrat
d’assurance avec cette compagnie d'assurance et un certificat de l’assurance
est remis à chaque notaire.
En l’absence de
sinistre, la société reverse 10% des sommes reçues, cette somme sera utilisée
par la Chambre pour la formation ainsi que pour les réunions et diverses
activités.
La Chambre compte
plusieurs Comités dont celui de la discipline.
Le Comité
International a été créé pour développer les relations internationales qui sont
devenues actives ces dernières années. Les représentants de ce comité (7
personnes) font valoir qu’aller à l’étranger coûte cher et touchera peu de
personnes : ils privilégient donc l’accueil des experts étrangers pour les
échanges internationaux.
A côté du
Président, un Conseil consultatif composé de notaires expérimentés et reconnus,
conseille et informe le Président sur les questions de développement de la
profession notariale en Mongolie.
L’accès à la
Profession
Pour devenir notaire,
il faut d’abord être diplômé en droit au niveau de la licence soit environ 4 à
5 ans d’études.
Ensuite il faut
travailler 2 à 3 ans et se présenter à l’examen des professions juridiques et
judiciaires organisé par la Commission des examens du Ministère de la Justice –
cet examen est commun aux juges, procureurs, avocats et futurs notaires.
Ensuite, le diplômé
travaille et devra attendre que le concours soit ouvert en raison de la
création de postes. Ce concours et la création de postes dépendent du Ministère
de la Justice.
En cas de réussite,
le futur notaire fait un stage de 6 mois chez un notaire avant de
s’installer ; ce stage est réduit à un mois si on a déjà travaillé dans un
office notarial. La Chambre organise aussi une semaine de formation portant sur
toutes les fonctions du notaire. Le stage s’achève par un examen. En cas
d’échec à cette épreuve, le délai de formation sera rallongé.
Du fait des exigences
de formation et d’expérience professionnelle, les notaires nouvellement admis
ont généralement plus de 30 ans. L’âge de la retraite est actuellement
fixé à 70 ans.
Dans les régions où
il n’y a pas de notaires, ce sont les secrétaires de mairie qui exercent les
fonctions d’attestation et de certification : pour cela ils reçoivent une
formation. Pour les dossiers spéciaux, ce sont des notaires qui les traiteront.
Les employés des
services consulaires sont formés aux fonctions de notaires consulaires par la
Chambre.
Lorsqu’il entre dans
la profession, le notaire reçoit un sceau avec un numéro.
L’Activité des
notaires mongols
Les activités des
notaires sont classées en 7 catégories. A chaque catégorie correspond un cahier
d’enregistrement fourni par la Chambre Nationale et portant son sceau à chaque
page; aucune page de ce cahier ne peut être arrachée. En cas d’erreur, on doit
barrer : il ne faut ni surcharger ni utiliser du blanc de type
« corrector ».
Ces cahiers sont
archivés en fin d’année : un classeur par catégorie d’activités. Les
dossiers sont conservés par les archives nationales et pour une période de 70
ans pour les testaments, successions, immobilier et contrat. Ensuite, ils sont
voués à la destruction. Les autres types de documents sont conservés moins
longtemps.
S’il y a des pièces
attachées aux contrats – copies de cartes d’identités par exemple - elles
doivent porter le sceau du notaire.
Les notaires disposent
dans leurs bureaux d’un équipement permettant de déceler l’authenticité d’une
carte d’identité : ils ont l’obligation de l’utiliser pour les documents
qui engagent l’identité du requérant.
Les notaires
reçoivent aussi un carnet de reçus pour les sommes perçues : le sceau est
apposé à cheval sur la souche et la partie mobile remise au client.
Les notaires sont
soumis à un tarif unique au plan national, les sommes perçues vont sur leurs
comptes personnels. Ces sommes sont habituellement perçues en argent
liquide : le plus petit montant étant pour les certifications de
traduction – 400 TM, et les plus gros montant
étant les pourcentages reçus sur les montants des contrats en cause ou des
successions : jusqu’à 200 000 TM. Il y a par ailleurs un tarif
horaire pour le conseil : 3 000 TM de l’heure.
Ce tarif unique date
de 2011 et ne reflète pas l’inflation qui règne depuis : en moyenne 10%
annuels.
Les clients des
notaires sont autant des personnes physiques que des personnes morales. Lorsque
c’est une personne morale, en plus de la signature du représentant qui demande
l’intervention du notaire, le sceau de l’entreprise sera porté sur le registre
du notaire.
Auparavant les
activités des notaires étaient souvent des attestations et des certifications
de documents. Maintenant les activités des notaires sont plus en plus liées à
l’authentification des contrats. L’activité notariale commence à se développer
aussi dans les secteurs d’une société et d’une économie modernes. Par exemple
pour les questions relatives au droit de la famille, le notaire sera de plus en
plus sollicité : le régime légal matrimonial est la communauté des biens
réduite aux acquêts, il y a encore très peu de contrats de mariages car ce
n’est pas encore entré dans les mœurs. Mais la profession s’attend à un
développement dans ce sens. Même chose pour les testaments : en général
les successions sont légales. Mais des signes prouvent que la société Mongole
change et qu’avec ces changements, ces domaines d’intervention du notaire se
développent. En effet, chaque année, le nombre de testaments authentiques et de
certificats d'hérédité augmente rapidement.
Les bureaux de
notaires sont souvent à proximité voire même dans la même enceinte que ceux des
banques : les emprunts font l’objet d’un contrat rédigé par la banque et
les signatures sont authentifiées par le notaire voisin ou présent.
Les contrats que le
notaire authentifie sont soit fournis par les clients – la banque par exemple –
soit sur des modèles proposés par des notaires.
La réforme en cours
demande aux notaires d’afficher et de mettre à disposition un certain nombre
d’informations … sous forme de tableaux ou d’affichettes. Il faut aussi
afficher les raisons pour lesquelles un notaire peut refuse une demande d’un
client.
La Suisse a mis en
place une coopération sur le thème du « one window service » ;
à Oulan- Bator on compte 4 services de ce type sur les 9 arrondissements. Il
s’agit de réunir tous les services sociaux – registres de l’Etat civil,
sécurité sociale, service de l’emploi, photographies d’identité, services aux
handicapés, le cadastre et un notaire dans un même espace mis à disposition par
l’administration. Mais récemment, les notaires ont commencé de refuser de
travailler en « one window service », car il n'y a aucun moyen
de protéger dans de tels espaces l’intimité et les secrets liés aux actes
demandés aux notaires par les clients.
Les notaires sont
propriétaires ou locataires de leurs bureaux.
Chaque notaire paie
individuellement ses assurances sociales.
La Discipline
La Chambre nationale
compte un « Comité de Discipline et déontologie ». Selon la Loi
notariale il est composé de 5 à 7 personnes : un Président et des membres.
Ce sont des juristes qui ont de 10 à 25 ans d’expérience professionnelle.
Certains ont été juges, avocats ou conseils juridiques.
Ils sont élus pour 4
ans renouvelables et sans limite du nombre de mandats successifs.
Auparavant, les
questions d’éthique et de discipline n’étaient traitées que par la Loi sur le
notariat. En 2000, un règlement professionnel a été adopté par le
Ministère ; le règlement sur le Comité d’Ethique et de discipline date de
1997 et a été modifié en 2011.
Les plaintes sont
adressées par les clients : par lettre. Il s’en suit une rencontre et une
négociation à la Chambre. En cas de désaccord, l’affaire est portée devant le
juge. Jusqu’ici, un seul dossier est arrivé devant le juge.
Le pouvoir de
sanction est disposé par l’article 44: le Comité émet des avertissements ;
les cas graves qui mènent à la révocation, sont du ressort du Ministère de la
Justice.
Les fautes dites
graves sont généralement : certifier la présence des deux parties alors
qu’une seule était présente, ou certifier une copie conforme à l’original alors
que l’original n’a pas été présenté. Les fautes très graves sont par
exemple la dissimulation de la réception de sommes d’argent.
Le Comité peut aussi
être le défenseur du notaire en cas de nécessité.
Le Comité participe à
la formation des nouveaux notaires avant la prise de fonctions en
informant sur les principales fautes que le notaire peut commettre au cours de
son travail ; le Comité attire l’attention sur le travail du notaire et
l’Ethique et procèdera à des contrôles réguliers des notaires nouvellement
entrés en fonction afin de les aider à mener correctement leurs activités.
Des contrôles annuels
sont organisés : le choix des personnes contrôlées est fait par le Comité.
Pour les nouveaux notaires il y a contrôle et conseils.
Lorsque les contrôles
sont à exercer très loin dans le pays, cela provoque des frais et des
absences de l’étude : alors les inspecteurs reçoivent une indemnité.
Conclusion
La société mongole
connaît depuis 1997 de profondes mutations dues aux changements de régime
politique. L’ouverture et la modernisation exposent les notaires à de nouveaux
défis. C’est une profession bien structurée et dotée de tous les outils pour un
fonctionnement proche des standards du notariat occidental. Cependant, le fait
que les notaires mongols travaillent seuls et travaillent aussi comme
avocats fait que leurs absences du bureau pour diverses causes
(professionnelles, personnelles, santé) nuisent à la qualité du travail et à
l’accueil des clients. Une meilleure gestion de la profession devrait apporter
des solutions appréciées par la population qui se plaint de cet état de fait.
Pour cela, le notariat mongol doit favoriser l’installation d’offices notariaux
comptant plusieurs notaires assurant une permanence parfaitement organisée. De
plus, cette forme de travail en commun devrait favoriser les échanges et la
qualité du travail notarial. Les exemples puisés à l’étranger pourront appuyer
ce type de réforme.
Afin de relever les
défis de demain, le notariat mongol souhaite donc développer ses échanges avec
l’étranger : autant pour étudier et partager que pour se défendre face aux
tentations de l’ultra libéralisme qui voudraient limiter son rôle. Le notariat
mongol est devenu membre de l’UINL en 2013.
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